jeudi 13 août 2009

Dubaï


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Forte d'à peine 1,2 millions d'habitants, la ville de Dubaï sait faire parler d'elle autant que les plus grandes métropoles mondiales. Ce qui n'était au début du siècle qu'un port vivant principalement du commerce de l'or et des perles rassemble aujourd'hui sur son territoire plus de 500 gratte-ciel aux formes toujours plus audacieuses. C'est qu'elle a su s'affirmer aux yeux des touristes et des investisseurs comme une destination privilégiée et sans véritable concurrents dans un Moyen-Orient troublé.

Population de la ville de Dubaï, en milliers. Source : ONU, 2007

L'émirat de Dubaï fut fondé en 1833 par la dynastie des Al-Maktoum, qui le dirige toujours à l'heure actuelle. Avec 3 885 km2, il est le deuxième plus grand des sept Etats composant les Emirats arabes unis, derrière celui d'Abu Dhabi (1). Le désert du Rub al Khali occupe la majeure partie du territoire. La ville s'étire à partir de son site originel (le bras de mer appelé Khor Dubaï) sur une bande d'une dizaine de kilomètres de large entre la mer et le désert. Avec les villes de Charjah et Ajman, elle forme une agglomération de 2 033 787 habitants en 2006. La route du Sheikh Zayed en constitue l'axe majeur, autour duquel se sont établis la plupart des gratte-ciel. La fin de l'extension de la ville est planifiée en 2020. C'est à cette date que la transition économique de l'émirat vers le commerce et le tourisme de luxe devrait être achevée.

Vue d'artiste de la tour Burj Dubaï (808 mètres)

Contrairement à celle des Etats voisins, l'économie locale ne pouvait en effet reposer sur la rente des hydrocarbures, qui représentait moins de 5% du PIB actuellement (contre 10% en 2000). Le commerce, le BTP, le transport, le tourisme et les finances représentent les nouveaux moteurs de la croissance. Dubai s'est en effet imposée comme une vaste plate-forme de réexportation. Une dizaine de zones franches plus ou moins spécialisées, parmi lesquelles celle de Jebel Ali, forte de 6000 implantations, ont ainsi vu le jour. Le secteur immobilier a pris son essor, grâce à deux grandes entreprises, à l'origine des principaux projets de la ville. Eemar properties a ainsi piloté ceux de la Marina, du Dubai Mall ou de la tour Burj Dubai, tandis que Nakheel a réalisé les ensembles d'îles artificielles The World et The Palms. La crise des subprimes a cependant fait chuter les prix immobiliers de près de 40%, annulant les profits réalisés par ces entreprises depuis le début des années 2000. Elles demeurent cependant des piliers de l'économie locale. L'attractivité touristique de Dubaï doit beaucoup à leurs projets qui se parent de tous les superlatifs : hôtel le plus luxueux du monde, tour la plus haute, plus grand shopping mall... Des manifestations d'envergure internationale, telles que le Dubai shopping festival ou le salon technologique Gitex, participent à la renommée de la ville. Près de 15 millions de visiteurs sont ainsi attendus en 2010, et ce chiffre devrait augmenter plus rapidement après la mise en place de nouvelles infrastructures.

Les îles artificielles de Dubaï, telles qu'elles devraient être à leur réalisation

Un nouvel aéroport international est en effet en construction, alors que l'actuel ne fonctionne pas encore à sa pleine capacité (70 millions de passagers par an). Localisé à Jebel Ali, il sera intégré à un complexe logistique et à la zone franche. Le trafic maritime est intense : les ports de Hamriya et de la crique captent les flux commerciaux à destination du Golfe tandis que les terminaux de Jebel Ali et de Port Rashid en font le 10 ème port à conteneurs du monde. Les liaisons urbaines s'appuient principalement sur la route, mais le réseau de transports en commun devrait être renforcé avec l'arrivée progressive de 2 lignes de métro d'ici 2013 et de 7 lignes de monorail. Pour financer d'autres aménagements tels que le tunnel d'Al Shindagha, la ville a récemment instauré un télépéage. L'émirat doit également engager de lourds investissements en infrastructure, du fait de l'augmentation rapide des besoins en énergie (+ 15% en 2008), en traitement des déchets (11,3 millions de tonnes en 2005 contre 6,6 en 2003, soit 1676 tonnes par an et par habitant) et en eau potable.

Le développement rapide de Dubaï pourrait avoir des conséquences environnementales importantes. Les îles artificielles ont amené un recul du front de mer et pourraient menacer la biodiversité locale. Des efforts peuvent être fournis concernant la maîtrise des consommations et le recyclage (le taux actuel est proche de 5%).

La population dubaïote est constituée pour les deux tiers d'étrangers : on compte parmi ceux-ci près de 100 000 hommes d'affaires, mais il s'agit pour l'essentiel d'ouvriers du bâtiment, en provenance d'Inde et des Etats avoisinants, et dont les conditions de travail s'avèrent éprouvantes. Ceci explique qu'elle soit largement masculine, à plus de 70%. Dubaï se distingue des autres émirats par une application moins stricte des préceptes de l'islam (alcool, habits féminins...) et une relative liberté de culte. Cependant, cette diversité ne transparait pas dans la vie quotidienne à Dubaï : les centres commerciaux semblent être parmi les rares endroits où peuvent se cotoyer hommes et femmes, émiratis et étrangers.

(1) C'est à ce titre que, en vertu d'un compromis tacite, l'émir de Dubaï est également vice-président des Emirats arabes unis.

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Sylviane Tabarly, Dubaï, territoire d'un nouveau type dans le monde arabe, Géoconfluences, 2005
Le plan stratégique de Dubaï pour 2015 au format pdf.
Gestionnaires de réseaux : Suez, Palm Water LLC