lundi 23 février 2009

Paris cherche ses limites - 1

Depuis le baron Haussmann, entend-on parfois, Paris a cessé de grandir. La formule est certes exagérée, mais si l'on s'en tient aux frontières administratives de la ville, il est vrai que celles-ci sont restées les mêmes depuis l'annexion des communes situées à l'intérieur des fortifications de Thiers en 1860. Aujourd'hui, l'aire urbaine s'étend bien au-delà (1), et la question des limites de Paris est revenue en force sur la scène politique. Même si d'autres initiatives ont été entreprises auparavant, c'est un discours de Nicolas Sarkozy prononcé en juin 2007 à Roissy qui semble avoir servi de catalyseur au débat :
Il n’y aura pas de France forte et ambitieuse si l’Île-de-France se recroqueville sur elle-même. Si elle renonce à construire les plus hautes tours d’Europe. Si elle renonce à attirer les meilleurs chercheurs du monde. Si elle renonce à son ambition d’être une place financière de premier plan (...) Les grandes villes de province ont pris un élan démographique, économique, culturel extraordinaire ces dernières années. Je ne vois pas de honte à ce que la métropole parisienne les imite. Mais j’en verrais une à ce qu’elle se laisse distancer par Shanghai, par Londres ou par Dubaï.
1 - Paris dans la compétition économique internationale

Ainsi, le Grand Paris (telle est le nom qu'a pris le projet présidentiel, en référence probablement au Grand Londres) semble avoir pour but principal de conforter la place de la région dans la compétition mondiale. Cette compétition semble être essentiellement de nature économique : elle viserait à attirer les investisseurs, les touristes, les chercheurs pour garantir à terme l'emploi dans la région. L'attractivité tient à certains indicateurs (2), mais elle repose aussi sur l'image. Certes, celle de Paris demeure très bonne (3) mais elle doit faire face à la concurrence de nouvelles métropoles (Barcelone, Berlin, Dubaï, Shanghaï) en plus de celle, traditionnelle, de New York et de Londres. A cet égard, la mise en place d'une institution du Grand Paris donnerait une meilleure visibilité à la région : la ville n'occupe que 105 kilomètres carrés, contre 1214 km2 pour New York ou 1579 km2 pour le Grand Londres. Elle permettrait aux territoires environnants d'utiliser la "marque" internationalement reconnue que constitue Paris.

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L'association Paris-capitale économique, créée par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, qui présente notamment le Global cities attractiveness survey élaboré par Cushman & Wakefield.
L'Agence de développement de la région Ile-de-France élabore chaque année un tableau de l'attractivité, qui combine plusieurs indicateurs.

(1) Selon l'INSEE, elle comprend près de 400 communes
(2) Parmi ces indicateurs d'attractivité, on peut trouver la qualification et le coût de la main d'oeuvre, le taux d'imposition, les possibilités de financement, les prix de l'immobilier, le nombre de multinationales ou de centres de recherche...
(3) Selon une étude menée en janvier 2009 par CSA auprès de 205 acteurs économiques de 22 pays, Paris disposerait d'une image positive pour 43% des investisseurs, ce qui la place derrière Londres (57%) et New York (44%). A la faveur de la crise, elle se situerait même à égalité avec Londres en ce qui concerne l'attractivité économique en Europe.

samedi 21 février 2009

Agenda

2009 sous le signe de l'urbanité


2009 promettait d'être une année de vaches maigres. Mais l'année du buffle, qui a commencé fin janvier, nous réserve de belles surprises. A commencer par celle-ci, ce matin au Salon de l'agriculture. La première vache présentée à Nicolas Sarkozy répondait en effet au doux nom d'Urbanité...

lundi 2 février 2009

Quand le bâtiment va...

Le futur Musée des civilisations d'Europe et de Méditerranée (arch. Rudy Riccioti), intégré à l'opération Euromed, bénéficiera du plan de relance à hauteur de 5 millions d'euros.


Le secteur du BTP, que ce soit de manière directe ou indirecte, devrait être l'un des principaux bénéficiaires du plan de soutien à l'économie, adopté en Conseil des ministres le 19 décembre 2008.

Les investissements publics

4 milliards d'euros ont été consentis au titre du programme exceptionnel d'investissements publics, ce qui représentera une augmentation de près de 20% de l'investissement public en 2009. La politique de relance doit avoir des effets rapides (1) et c'est pour cette raison que le plan de relance consiste essentiellement à accélérer des investissements déjà programmés (Contrats de plan Etat-région, Grenelle de l'environnement, etc...) :
  • les infrastructures de transports devraient bénéficier de 870 millions d'euros répartis comme suit : 400 M€ pour le réseau routier, 300 M€ pour le réseau ferroviaire, 170 M€ pour le réseau fluvial et portuaire. Près de 150 projets seraient ainsi financés.
  • les universités devraient recevoir près de 700 millions d'euros, notamment dans le cadre du plan Campus de rénovation de leur parc immobilier mais aussi pour la création de logements étudiants
  • le patrimoine d'Etat se verrait affecter 650 millions d'euros. Il bénéficiera de travaux (220 M€) visant à le rendre exemplaire au niveau de l'environnement (rénovation thermique) ou de l'accessibilité aux handicapés. Des aides supplémentaires seront versées pour le patrimoine du ministère de la défense (220 M€), du ministère de la justice (80€) et la rénovation du patrimoine historique ou la création d'établissements culturels (100 M€).
A ces investissements, il faut ajouter ceux des entreprises publiques (SNCF, RATP...), auxquelles seront versés 4 milliards d'euros supplémentaires, et éventuellement, ceux des collectivités locales désireuses de recevoir des avances du fonds de compensation de la TVA.

Les mesures en faveur du logement

Le logement a été identifié, avec l'automobile, comme un des secteurs les plus fragilisés par la crise et des mesures supplémentaires lui ont été consentis, pour un montant de près d'1 milliard d'euros. Il s'agit de financer la construction de logements sociaux (2), d'accélérer la rénovation urbaine (3), et d'améliorer l'habitat privé via les aides de l'ANAH (4).

L'assouplissement des règles d'urbanisme : un danger pour le paysage urbain ?

Dans un souci affiché de favoriser les constructions tout en luttant contre l'éparpillement urbain, il a été décidé de prolonger d'un an le délai de validité du permis de construire à trois ans, de faciliter les constructions mitoyennes, et d'augmenter, pour les communes qui le souhaitent, le coefficient d'occupation des sols. Les deux dernières mesures (5) représentent une entorse importante aux règles d'urbanisme. En maximisant la surface constructible sur une parcelle, elles vont dans l'intérêt des promoteurs et peuvent certes favoriser la reprise dans le secteur de la construction, mais elles peuvent également endommager à long terme le paysage urbain.

(1) les mesures exceptionnelles du plan sont consenties pour deux ans mais les trois quarts des dépenses devraient être effectuées durant l'année 2009
(2) 70 000 logements devraient être construits en plus des 30 000 déjà décidés, pour un montant de 340 millions d'euros.
(3) une dotation d'investissement supplémentaire de 350 millions d'euros serait versée
(4) 100 millions d'euros supplémentaires seraient débloqués pour améliorer l'efficacité énergétique de 80 000 autres logements ; 100 millions d'euros seraient également versés au titre de la lutte contre l'habitat indigne.
(5) elles figurent dans le projet de loi 1360 du 19 décembre 2008

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Le site du Ministère de la relance
Un article du blog de Thomas Gibertie sur la révision du Code de l'urbanisme