vendredi 13 novembre 2009

Moscou


Afficher Moscou sur une carte plus grande

Avec plus de 10 millions d'habitants, Moscou reste aujourd'hui une des plus importantes métropoles occidentales. Elle continue de rayonner sur une bonne part des pays de l'ancien bloc communiste.

Fondée au 12° siècle, la ville s'est développée selon un plan hélicoïdal, à partir du Kremlin. C'est ainsi que se sont progressivement urbanisés les quartiers de Belaya Gorod, puis de la rive gauche de la Moscova (17°s.). La physionomie de la ville est aujourd'hui assez caractéristique, puisqu'elle est traversée d'immenses radiales (les avenues de Lénine, Tver-Léningrad, Mojaisk, Kalouga, Koutouzov, Mir...) et ceinturée par quatre anneaux, qui marquent ses extensions successives. Aujourd'hui, la ville occupe un territoire de 1081km2 et se situe pour l'essentiel à l'intérieur d'une rocade de 109km de long, la MKAD. Cependant, l'extention de l'agglomération devrait amener à une coopération renforcée avec les autorités de l'oblast de Moscou, entité administrative distincte avec laquelle les relations restent encore empreinte de rivalité.

Entre 1900 et 1050, la ville est passée de près de 1 à 5 millions d'habitants. Elle en compterait aujourd'hui 10,5 millions, soit la majeure partie des 14 millions de l'agglomération. La population de travailleurs immigrés, non prise en compte dans les recensements, invite à rehausser ce chiffre.

Tout au long du 20° siècle, plusieurs schémas directeurs se sont succédés pour orienter cette urbanisation dans un sens ou dans l'autre. Le premier (Chestakov, 1921-1924) prévoit l'alternance de bandes urbanisées et naturelles. Le second est dû à Vladimir Sémionov et Sergey Tchersychev. Anticipant une forte croissance du trafic, il est à l'origine des radiales, véritables autoroutes urbaines, sur le plan desquelles le métro s'ajuste aussi à cette époque. Il élabore également une première ceinture verte à la périphérie. En 1947, la silhouette de la ville s'étoffe de sept gratte-ciel massifs, censées indiquer les directions du développement urbain. Mais l'embellissement cesse d'être la priorité sous Krouchtchev : on construit en masse des habitations dans les zones ouvertes à l'urbanisation. Le zonage s'accentue avec le plan suivant (Posokhin, 1971) : les quartiers périphériques sont dévolus aux loisirs. Ils s'équipent toutefois de grands immeubles collectifs allant jusqu'à 16 étages. Dans le même temps se développe un chapelet de villes satellites, dont certaines conservent leur fonction techno-scientifique (Dubna, Zelenograd...) et industrielle (Elektrostal, Chatoura...).

Le premier plan établi sous le nouveau régime en 1989, a été suivi de nombreux chantiers, menés toutefois dans une optique très libérale (1). Il a été actualisé en 2007 et propose une vision stratégique jusqu'en 2025. Préservant la majeure partie du centre ancien, il prévoit de construire à l'extérieur de la MKAD de nouveaux logements sociaux en hauteur (jusqu'à 40 étages), afin d'éviter l'étalement urbain et de marquer les limites symboliques de la ville. L'espace intersticiel serait partagé entre des zones résidentielles pour ménages aisés et de nouveaux centres tertiaires. Face à la congestion des routes existantes (2), il envisage également de renforcer l'offre de transport, et en premier lieu de transport collectif. Le métro pourrait bénéficier de 380km de lignes supplémentaires et d'un deuxième anneau de contournement (cf. carte). Il pourrait être secondé par 220km supplémentaires de lignes de tramway rapide. Le traffic routier pourrait être déporté du centre grâce à la création de deux routes transversales et à la création d'un quatrième anneau de 74km dans les limites de la ville. Un autre grand chantier concerne aussi la réhabilitation des logements. Près de deux millions de moscovites occupent en effet des habitations qui devraient être détruites.

le quartier d'affaire de Moskva-city - source : Wikimedia

La crise financière a perturbé le développement économique de Moscou, en entraînant la faillite de grands groupes immobiliers (3). En témoigne le chantier de Moskva city, le nouveau centre d'affaire dont beaucoup des tous ont été laissées inachevées. De même, beaucoup de réalisations de prestige qui devaient faire appel aux plus grands architectes internationaux ont été stoppées. Cependant, la ville demeure un acteur économique de premier rang : avec moins de 10% de la population russe, elle réalise 20% du PIB russe et accueille un tiers des investissements étrangers. De fait, le budget municipal avoisine celui des grandes métropoles occidentales (4) Son économie est de moins en moins industrielle et les autorités fédérales ambitionnent d'en faire d'ici 2020 une des premières places financières européennes. La ville a également voulu se doter avec Skolkovo d'une école de management de rang international. Elle devrait enfin renforcer sa position de carrefour de communications, avec la création d'un nouveau terminal à l'aéroport de Chérémétiévo et, à plus long terme, d'une gare internationale à Moskva city.

(1) beaucoup de bâtiments ont été rénovés dans la zone centrale, mais pour accueillir avant tout des bureaux, plus rentables aux yeux des investisseurs.
(2) alors qu'il y a en 2009 près de 3,5 millions d'automobiles, la voirie n'occupe que 10 à 15% de la surface de la ville, contre 20% en moyenne en Europe
(3) Mirax, AFI Development
(4) les revenus de la ville de Moscou s'élevaient à près de 1000 milliards de roubles en 2008, soit un peu moins de 30 milliards d'euros.