lundi 11 mai 2009

Le logement

Lorsqu'on parle de qualité de vie, le logement figure bien évidemment au centre des préoccupations. En témoigne sa place dans le budget des ménages : les Français consacrent en moyenne 25% de leurs revenus aux seuls loyers ou au remboursement de leur emprunt immobilier. Si l'on inclut même les dépenses induites par le logement (impôts locaux, ameublement, frais de transports...), le logement pèse pour la moitié de celui-ci.

Le logement suscite des attentes fortes, que Christian Julienne (1) résume en 10 points :
  • l'accession à la propriété est un souhait majoritaire, partagé par "95% ou plus [des] hommes qui ont décidé de s'intégrer dans une vie familiale, sociale et professionnelle". Etre propriétaire, c'est en effet disposer de plus de droits que le locataire. Seules un petit nombre de personnes y renonceraient, soit qu'elles disposent d'autres sécurités matérielles, soit à l'inverse qu'elles hésitent devant un endettement trop important. Enfin, à l'échelle de la collectivité, la propriété offre de meilleures garanties d'entretien du patrimoine immobilier.
  • la demande locative reste importante, car elle est le fait d'une population mobile (étudiants, jeunes actifs de moins de 34 ans, âge moyen d'accession à la propriété) qui représente 1,7 millions de ménages (soit près de 7% du total). Le marché de la location, pour se développer, nécessite des incitations en faveur des propriétaires (que la longueur des procédures contentieuses incite parfois à garder leur logement vacant) et un allégement des frais de transaction, deux fois plus élevés qu'aux Etats-Unis.
  • un ancrage territorial (racines familiales, intérêt pour la culture locale, ...) que des opérations d'urbanisme de trop grande ampleur risquent de malmener.
  • d'où une demande d'urbanisme "historique et corporel", capable d'oeuvrer avec délicatesse dans les zones de faible densité où s'effectue l'urbanisation. Il s'agit de créer des pôles de centralité tout en ménageant la distinction public/privé au sein de l'unité urbaine de base (10 à 30 familles).
  • parallèlement à ce désir figure celui d'une architecture "douce", classique, qui conserve éventuellement des caractéristiques régionales, qui soit en un mot "habitable" par la majorité des gens. Le modernisme n'en est pas rejeté pour autant mais s'appliquerait mieux aux équipements collectifs.
  • un grand nombre de personnes souhaite habiter dans des maisons. Leur proportion dépasse 35% en région parisienne, 50% dans les agglomérations millionaires et atteint 70% dans celles de plus de 150 000 habitants. L'enquête logement de l'INSEE fait état d'un taux de satisfaction plus élevé chez les habitants de maisons individuelles (87% contre 68% en moyenne), ce qui s'explique par la superficie, la présence d'un jardin, l'environnement immédiat ainsi que l'aspect patrimonial. Cette demande semble a priori incompatible avec l'offre d'espace réduite dans les villes, mais de nouvelles formes d'habitat individuel urbain peuvent être inventées.
  • une "demande de nature associée à une demande de ville". Concilier les deux demande un travail important sur les formes urbaines (balcons, toits-terrasses) et sur les espaces verts. De nombreuses réalisations pourraient servir d'exemple, et Christian Julienne de citer en exemple le programme de coeur de ville du Plessis-Robinson, qui en dépit d'un surcoût de 10%, a trouvé très rapidement acquéreur.
le coeur de ville du Plessis-Robinson (92), lauréat en 2008 du prix Rotthier pour la reconstruction de la ville
  • une demande d'espace : on est passé depuis les années 70 d'une moyenne de 24 à 37m2 par personne. L'existence d'une grande surface habitable est déterminante dans près de la moitié des cas, si l'on en juge par les enquêtes aurpès d'acheteurs potentiels.
  • une demande de modulabilité, en fonction des besoins de ses habitants succesifs. Certains éléments de la maison (garages, terrasses, loggias) se plient assez bien à cette demande. On peut également envisager des formes urbaines facilitant l'extension de l'habitat à mesure que la famille s'agrandit. De même, le désir est grand de personnaliser son logement (peintures, jardin, etc...).
  • des services de proximité à une distance plus ou moins importante : 300m à 1km pour l'école primaire et le commerce de dépannage, 1 à 4km pour le collège, le médecin, les commerces non quotidiens, 4 à 8km pour les centres commerciaux, 8 à 20km pour les déplacements domicile-travail, une distance plus grande étant acceptée dans les agglomérations de Paris, Lyon ou Marseille.
(1) Logement, solutions pour une crise fabriquée, Les Belles Lettres, 2006

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