mercredi 21 janvier 2009

Les IBA : des instruments pour bâtir l'avenir

le pont de la mine F60 (IBA'2010)

Les IBA (Internationale Bauaustellungen - Expositions universelles d'architecture et d'urbanisme) entreprises en Allemagne sont pour les territoires qui les accueillent des plateformes d'expérimentation grandeur nature. Les expositions portent sur un ou plusieurs thèmes centraux :
  • l'IBA de Berlin (1984-1987) a été accompagnée d'une réflexion sur la reconstruction de la ville. Dans les quartiers historiques, elle s'est efforcée de préserver les bâtiments existants tandis que la "reconstruction critique" devenait le slogan de référence pour l'aménagement des quartiers neufs.
  • l'expérience d'Emscher Park (1989-1999) a contribué à revitaliser une région de 800 km2 au Nord de la Rhur, très affectée par la désindustrialisation. La création d'un couloir vert le long de la rivière Emscher est au coeur du projet. La nature et les vestiges de l'époque industrielle (haut fourneaux, terrils, etc) s'y côtoient parfois de manière étonnante.
  • la région de Fürst-Pükler, en ex-RDA, est également une ancienne région industrielle, où furent longtemps exploitées des mines de lignite à ciel ouvert. L'IBA (2010) y a axé ses interventions sur le thème du paysage.
  • dans la région de Saxe-Anhalt, 19 villes explorent les procédés de rénovation urbaine. L'enjeu de l'IBA (2010) y est de stopper une dépopulation importante.
  • l'IBA de Hambourg (2013) s'articule quant à elle autour de trois grandes thématiques : le cosmopolitisme, l'aménagement des franges urbaines et la lutte contre le changement climatique.
  • le dernier projet en date est porté par l'eurodistrict de Bâle. A l'horizon 2020, une IBA pourrait y être présentée sur le thème des espaces transfrontaliers.

le parc de Nordstern près de Gelsenkirchen


la station d'épuration de Bottrop (arch. Jourdan & Müller)


un exemple d'intervention artistique : le Barklangbrücke à Magdeburg

La multiplication des projets ces dernières années semble indiquer que les IBA sont un bon outil d'aménagement du territoire, qu'elles recouvrent une partie de la ville ou une région toute entière. Comme toute grande opération d'urbanisme, elles touchent à une multitude de domaines (habitat, emploi, cadre de vie...) et permettent la création d'infrastructures importantes : parcs paysagers, zones commerciales et industrielle, station d'épuration, centres de formation dans le cas d'Emscher Park. Mais les IBA possèdent aussi une dimension culturelle : il s'agit aussi de célébrer un événement, de renouer avec l'histoire des lieux, et - ce qui peut paraître paradoxal pour un travail de planification - de laisser place à l'improvisation et à l'expérimentation. Pour Karl Ganser, le fondateur de l'IBA d'Emscher Park, le succès semble bien tenir à cet équilibre délicat entre un projet global mûri de longue date (1) et le refus de tout horizon trop directif dans ses composantes : "Pour l'IBA, notre méthode a consisté à engager de nombreux processus dont nous ignorions la conclusion. (...) Nous n'avions pas de plan arrrêté et nous avons constaté avec surprise que nous en avons obtenu davantage que nous ne l'avions pensé au début".

(1) avant même que Karl Ganser élabore en 1987 une « Étude de faisabilité du parc naturel de l’Emscher », l'idée d'un parc naturel régional avait été formulée dès 1912 par Robert Schmidt, directeur du Ruhrkohlenbezirk (organisation supra-régionale visant à préserver le cadre de vie)

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